On peut dire ce qu’on veut mais, vu l’état du monde, mais reconnaissons que l’humanité et la biodiversité sont mal parties. Destruction des écosystèmes et du vivant, dérèglement climatique, disparition d’espèces et de ressources, pollutions outrancières, dégradation des milieux océaniques… 

À force de ne pas prendre en compte les impacts sur la planète de nos modes de vie et de production – consommation, nous l’avons à ce point dégradée que sa viabilité est menacée. 

Pourquoi ne parvenons nous pas à mieux intégrer la nature dans notre pensée, de sorte à prendre des décisions plus judicieuses qui nous permettraient de vivre, produire, consommer sans détruire la planète ? Comment coopérer avec le vivant plutôt que l’exploiter ? 

Comment orienter nos choix, nos activités de production et de consommation de sorte que, à la fin du compte, il y ait plus de vie après qu’avant ? Car c’est bien comme ça que la nature a évolué depuis son origine : elle foisonne et prospère en cycles vertueux, générant chaque jour plus de vie et sans produire de déchets inutiles. 

Pour explorer ce sujet et des voies de progression possibles, je converse avec Frantz Gault, l’auteur du livre “la nature au travail“. 

« Dans notre civilisation, c’est moins de Natura Laborans [la nature qui travaille] qu’il convient de parler, que de Natura Laborata, c’est-à-dire d’une nature mise au travail et, plus précisément, au travail forcé. Faut-il alors recueillir son consentement ? Les non-humains veulent-ils « travailler » avec nous ? À quelles conditions ? Ont-ils le droit de refuser ?

D’évidence, tenir compte des intérêts des non-humains conduira à des arbitrages et renoncements qui ne seront pas toujours au goût des humains. »

Frantz Gault

Frantz est diplômé en sociologie des organisations (Sciences Po 2006). En 2020, il suit au Collège de France des études de philosophie et d’anthropologie, qui l’amènent à réaliser Natura Naturans, un documentaire interrogeant le concept de « nature ».

Avant de publier La nature au travail, il a publié Apocalypse Work, un essai interrogeant le sens du travail. Il a par ailleurs co-fondé Ultra Laborans, une agence qui accompagne les métamorphoses du travail.